Françoise Pignon Junior

Publié le par Kamila


Est-ce que la poisse est génétiquement transmissible ?

 


Déjà, on sait que maman est atteinte de cette maladie incurable.
C'est pourquoi j'hésite à me faire vacciner contre la grippe A, histoire de ne pas développer un pustule indélébile, et de fournir à la médecine une nouvelle palette d'effets secondaires.

Ä Les cheveux qui frisent, c'est sympa, mais les épis dans les sourcils, c'est définitif ?

 



Et ce soir, mon cœur de mère bat la chamade : ma lolotte adorée a-t-elle été contaminée ??

 
De toutes façons, je m'en doutais.
Depuis le jour où elle m'a demandé si les cheveux des poupées repoussaient, j'ai mis le 15 en numéro abrégé.



Tout a commencé en sortant de chez la nounou.
C'est l'automne, il y a des tapis d'humus sur les trottoirs, mélanges gluants de feuilles trempées, de fourmis momifiées et de brindilles crottées. Les enfants adorent ça et collectionnent les merdouilles qu'elles oublient ensuite dans leurs poches. (les poches, vous savez bien, ces caveaux qu'il faut exhumer devant la machine à laver, pour se coltiner tous les insectes morts trouvés à la cour de récré).
Or donc, ELLE SAIT qu'il y a une marche en sortant de chez sa nounou. Ben nan, ce soir, elle l'a loupé et nous a fait un plat, comme à la piscine.
Version piscine vide.
Mieux. Version piscine extérieure abandonnée et bactériologiquement recolonisée.

Symptôme N°1 : l'amnésie.

Soit.

Ca peut arriver.

 

   Lolotte ?                    MAMAN ??!!



 

Mais écraser les doigts de sa sœur, en faisant du cheval à bascule dans le coin enfants d'une pharmacie, c'est normal ça ?


Lolotte : "Maman, maman ! Regarde ce que je fais !" (et maman se dit : si plus tard, elle me fait une roue arrière sur une moto, comme elle cabre ce cheval, je lui confisque son biclou et son PEL)


                      
 Kikou maman !


Cadette, qui était à 3 mètres une seconde avant (mais comment elle fait pour se déplacer aussi vite ? Un pet propulseur peut-être ?), se retrouve sous le cheval une seconde après, avant même que maman ait pu composer 2 chiffres sur le terminal bancaire : "Ô, ya un truc putride en décomposition par terre ! Un truc qui manque à ma collection ! Je vais aller le montrer à maman...".


Bilan : comme d'habitude, j'ai mon sac à main ouvert, des sachets plein les mains, une carte bancaire en libre service, un col roulé et une écharpe, une envie pressante, et une estropiée à réanimer. Viiite, la pharmacienne nous emmène dans l'arrière-boutique pour badigeonner la cadette d'arnica ! Viiite, je reviens dans la boutique pour récupérer lolotte, que j'ai laissée seule pendant 2 minutes (quelle folie !) ! Viiite, je reviens au chevet de la cadette qui se débat dans les bras de la pharmacienne et qui veut suçoter le produit toxique qu'elle a sur les doigts !

Pfffou… Et lolotte, les yeux écarquillés quand je lui dis "tu vois !", qui me répond "ben quoi ?".

Symptôme N°2 : l'ahurissement.

 

Symptôme N°3 : la spontanéité.
En entrant dans l'hypermarché, elle aperçoit un livre de Père Noël.
Pile poil en haut d'un monticule pyramidal.
Damned.

Elle gambade vers la pile, et tend sa quenotte avide vers son idole. Dans toute bonne pyramide, il y a une base et des étages. Enfin, ça, c'était 1000 ans avant JC, ou 10 secondes avant BHL (Bourrasque Hyperactive Luminescente).

Maman saisit l'alpiniste, pour un vol plané sans parachute direction le caddie.

Puis je rentre la tête dans les épaules et je m'accroupis en position tortue invisible (chuuut, les filles, maman est invisible...) pour ramasser 17 bouquins éventrés.
J'en profite pour souffler discrètement sur les auréoles qui soulignent géographiquement l'emplacement de mes aisselles, espérant les assécher. (Pratique quand un passant vous demande : "tiens au fait, elles sont où vos aisselles ?")

 

Vexée, lolotte saisit son mini caddie, part bouder à 3 mètres devant en marchant comme une majorette, et emboutit le rayon Dim dont elle emporte 3 slips.
Symptôme N°4 : la susceptibilité.

 

Après avoir réduit mes courses au minimum vital (18,30 €, dont un thermomètre à 9,95€) pour limiter le temps d'incubation de la furie en zone explosive, nous voici à la caisse. Lolotte aimant les challenges, elle décide de passer coûte que coûte entre la barrière (celle qui sépare les files de deux caisses) et le portique (celui qui sonne quand vous avez oublié un truc super cher sous les sacs plastiques).
Avec son gros blouson.
Résultat, elle est restée coincée en apnée violacée pendant 3 secondes. Avant que sa langue ne tombe comme une figue, maman la sauve en tirant sur le blouson, dont la broderie Minnie se dépiaute au passage.
Symptôme N°5 : l'intrépidité.
(et probablement 10€ de réparation chez la couturière, merci bien les tomates me reviennent à 12,55€ le kilo, si c'est pas la crise ça…).

 


A ce stade, je fulmine et j'ordonne à lolotte de rester A COTE DE MAMAN !!! C'EST COMPRIS ?? 
Obéissante, elle commence à se laisser pendouiller pour s'exercer aux barres asymétriques des JO 2016, exécuter des arabesques complexes sans les mains, danser accroupie sous la barrière, jusqu'à vouloir se relever subitement et s'assommer sur une barre.
Symptôme N°6 : le faire n'importe quoi.

 



A deux doigts de l'interpellation judiciaire, maman ordonne à lolotte de rester immobile près de la caisse. Elle s'assoit donc sur le rebord en alu qui sert à poser les sacs de courses, et qui s'affaisse de 5 centimètres.
Devant mes yeux furibards, elle recule vers le poteau en bout de caisse, le heurte, et se fait assommer par l'extincteur qui se détache. La caissière pousse un cri en se mettant les mains devant la bouche. Maman plonge vers l'extincteur pour le raccrocher et déblayer lolotte. Constate que le crochet d'attache a cédé, et reste 1mn13 plantée avec un extincteur dans les bras (et une sirène bossue à consoler... la sirène, l'alarme, pas Ariel... Ariel, la petite sirène, pas la lessive... bon 'fin bref), n'osant pas le poser (des fois que le tuyau lâcherait et qu'il se mette à fuir, fossilisant la caissière au passage...), le temps que le gars de la sécurité se pointe.
Lolotte louche.
Symptôme N°7 : la maladresse.

 

Epilogue :

Maman a des vapeurs, pointe le doigt vers le sol, et postillonne : "Tu te mets sur ce petit carreau de carrelage, là, et tu ne bouges pas d'un poil, OK ?".
Je me retourne pour payer, et je sursaute : et si elle était sur une faille tectonique ?

 Symptôme N°8 : sa mère.


Tout ça en moins d'une heure.

 

Version 20H12, à la maison.

Publié dans côté famille

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E
<br /> Ha quel pied de relire enfin tes conneries.<br /> <br /> <br />
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K
<br /> Oh la la !!!! j'avais pas vu ça !!!!!!!<br /> Symptôme n°9 : l'humour<br /> Si elle a chopé celui de sa mère : elle est sauvée !!!!<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Ca faisait longtemps !!!<br /> Contente de relire un de tes supers articles.<br /> Et ça fait plaisir de voir que c'est pareil partout, pas que chez nous !<br /> <br /> <br />
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P
<br /> pouf, génial ma belle!<br /> En plus de 2012, je te conseille AVATAR, au cas où Lolotte aurait un clone!! bisous.<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Oh, que ça fait du bien de te relire enfin !<br /> Et c'est tellement ça...<br /> D'un côté, c'est ballot de revivre ce genre d'histoire quand on a déjà ça à la maison en live. Mais d'un autre, qu'est-ce que ça console de voir que chez les autres c'est pas mieux !<br /> <br /> <br />
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